Bitcoin, NFT, Web 3.0, quel impact pour l’Afrique

Bitcoin, NFT, Web 3.0, quel impact pour l’Afrique

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Dakar, Sénégal
Le bitcoin

Le Bitcoin

Le Bitcoin ne fonctionne pas comme l’Euro, le Dollar ou le Livre Sterling, il s’agit d’une cryptomonnaie. Le Bitcoin est une unité monétaire numérique qui ne dépend d’aucune autorité et d’aucune institution financière. Aucun organisme centralisé ne régule donc la cryptomonnaie. Il repose entièrement sur la technologie de la blockchain C’était d’ailleurs l’objectif avoué de Satoshi Nakamoto dans le white paper du Bitcoin : échapper aux institutions financières et proposer une monnaie entièrement indépendante. De cette façon, il est impossible de dévaluer une monnaie virtuelle.

Si le Bitcoin n’est régulé par aucune institution et par aucune banque, la monnaie n’échappe pourtant pas à certaines règles. En l’absence d’autorité pour réguler le Bitcoin, sa valeur est en effet entièrement déterminée par la loi de l’offre et de la demande. C’est pourquoi son cours est aussi variable. Mais c’est aussi pourquoi il est possible de faire des gains colossaux en l’espace de seulement quelques heures. Notez qu’il est aussi possible de perdre de l’argent. In fine, la valeur du Bitcoin repose sur la confiance qu’on lui attribue.

Les smart contract

Un smart contract (ou contrat intelligent) est un code informatique qui simplifie l’exécution de certaines ententes contractuelles en éliminant le besoin de passer par un intermédiaire. Les smart contracts sont étroitement liés à la technologie blockchain, car cette dernière est la plateforme sur lesquels ils reposent. En d’autres termes, les smart contracts sont sur la blockchain. Il y a des kyrielles d’applications basées sur les smart contracts et de nombreuses utilisations possibles.

Les smart contracts peuvent être très pratiques pour échanger de l’argent, des biens ou d’autres actifs, ce qui permet de rationaliser les processus d’affaires et d’éviter les délais d’attente pour de la validation, du traçage d’inventaires, de l’automatisation de paiement de dividendes, ou du contrôle des données personnelles. Ils sont utilisables en finances, dans le secteur de l’énergie, dans l’immobilier, le système de santé, les médias, le secteur du divertissement et au niveau du gouvernement.

NFT

Grâce à la blockchain, même les œuvres d’art peuvent maintenant être authentifiées et sécurisées tel un Bitcoin. Après la monnaie, c’est donc au tour de l’art de se numériser… et cela repose sur les NFT, des jetons cryptographiques non-fongibles. Mais c’est quoi au juste ?

Un NFT désigne un fichier  numérique auquel un cerificat d’authenticité numérique a été attaché. Plus exactement, le NFT est un jeton cryptographique stocké sur une blockchain. Le fichier numérique seul est fongible, qu’il s’agisse d’une photo, d’une vidéo ou autre, le NFT associé est non fongible. Le premier NFT a été créé en 2014, mais les NFT n’ont réellement touché le grand public qu’à partir de 2017, lorsque la plateforme Ethereum a pris de l’ampleur. C’est sur cette blockchain que les projets CrytoPunks et CryptoKitties (utilisant des NFT) sont nés. En 2021, l’œuvre Everydays – The First 5000 Days, par l’artiste Mike Winkelmann, plus connu sous le pseudonyme de Beeple, s’est vendu 69,3 millions de dollars. C’est à ce jour l’œuvre d’art numérique la plus chère de l’histoire.

Web 3.0

Il y a eu le web 1.0, constitué de pages internet et d’hyperliens consultable uniquement, le web 2.0, ou web social marqué par l’avènement des réseaux sociaux. Aujourd’hui, quelle évolution décrit le web 3.0 ?

En effet, le Web 3.0 vise principalement à connecter les données de manière décentralisée, plutôt que de les stocker dans des référentiels centralisés, les ordinateurs étant capables d’interpréter les informations de manière aussi intelligente que les humains. Ainsi, les utilisateurs et les machines pourront se connecter de manière plus transparente aux données, ce qui signifie que l’intelligence artificielle (IA) jouera un rôle crucial pour rendre cette version de l’internet plus intelligente et plus puissante en termes de capacité à traiter l’information. En fin de compte, cela permettra aux machines d’interpréter plus finement le sens des données – ou leur sémantique – pour offrir des expériences utilisateur nettement plus intelligentes. Mais aussi, le Web 3.0 va nous permettre de garder le controle sur nos données et de décider sur son itinéraire contrairement à la méthode centralisée du Web 2.0.

Et l'Afrique dans tous celà

« L’Afrique ne doit pas rater la révolution digitale. Le siècle du numérique sera africain….». Ces slogans, nous les avons tous entendus à de multiples occasions et en avons été nous-mêmes parfois auteurs, lors de forums, de séminaires, de conférences et autres tables rondes censés encourager les acteurs économiques du continent, à miser avec le numérique pour le futur. Mais plus de 20 ans après les premiers balbutiements d’internet en Afrique qui introduisaient l’ère des technologies dites nouvelles, on peut se demander au regard de ce qu’on observe, si l’Afrique s’est vraiment donné les moyens pour ne pas rater sa révolution digitale et si nous ne reproduisons pas avec le numérique les mêmes schémas qui ont jadis freiné la route vers l’industrialisation des pays africains. Sans oublier de poser la problématique ‘’ Transformation digitale VS Révolution digitale’’ qui à mon sens induit bien l’écart qu’il y a entre l’Afrique, portée à juste titre vers la transformation et les pays développés qui amorcent elle depuis longtemps une vraie révolution en matière de numérique. Le choix des termes et des ambitions du continent doit donc judicieusement être mis dans la balance si on veut sereinement construire nos écosystèmes numériques. 

Des écosystèmes De mon observation après une dizaine d’années dans le monde de l’entrepreneuriat numérique et de l’évangélisation en faveur d’une Afrique tournée vers le digital, il n’est besoin d’aucune thèse pour s’avancer à dire que nos performances jusqu’ici sont restées en dessous des attentes. Malgré un potentiel que tout le monde sait immense et des avancées (bien que remarquables) dans la transformation digitale, qui pour la plupart contribuent à changer et améliorer le quotidien d’hommes et de femmes (notamment dans les zones moins modernes), un regard critique sur la situation interne en Afrique permet d’opposer les réussites aux innombrables freins sur la route d’une Afrique résolument digitalisée. Parce que qui dit révolution digitale pose la problématique de qui a le contrôle sur celle-ci et donc qui mènent la danse ? Force est de constater que nous ne sommes toujours pas maîtres de notre destin numérique, la faute en majorité à une absence de stratégie au niveau de nos Etats qui pensent et intègrent la technologie comme élément d’ensemble d’un projet de développement cohérent et ambitieux. Jusqu’ici, à part quelques marchés (Ghana, Nigéria, Afrique du Sud, Kenya) qui se démarquent par leurs ambitions à véritablement utiliser le numérique pour résoudre des problèmes au niveau local, la plupart des pays africains tardent encore à véritablement prendre le virage digital, à cause pour beaucoup, des problèmes liés à la structure même de ces Etats : Absence d’infrastructure, mauvaise gouvernance, politique économique et fiscale non adaptée aux enjeux du numérique etc. Et ce n’est pas les startups jeunes portées par des incubateurs qui font de leur mieux pour soutenir  en manque cruel d’accompagnement et de financement qui feront la différence. Chaque pays à aujourd’hui la responsabilité d’intégrer le numérique comme l’un des éléments moteurs de sa croissance, surtout au moment où le monde s’apprête à amorcer un nouveau virage dans l’univers numérico-digital, dans ce nouveau monde appelé LE METARVERS qui va fondamentalement comme internet il y a 30 ans, bouleverser nos rapports humains, nos modes de communication en faisant de la décentralisation le cœur du processus. Tout ceci bien sûr porté par ce qui n’est plus une tendance, mais qui se dessine comme vraisemblablement comme la porte d’entrée vers ce nouveau futur. J’ai nommé la blokchain. 

Pour comprendre la notion très bruyante de blockchain qui porte aujourd’hui, les technologies NFt (Non-Fungible Token), les cryptos monnaies et demain les métavers, il faut imaginer un monde qui voudrait s’affranchir des contraintes du libéralisme actuel pour laisser s’exprimer une époque où la décentralisation et la liberté (notamment dans les échanges financiers) seraient une réalité. La technologie mise en place pour cela a la grande particularité d’être basée sur une architecture qui permet le partage d’information de manière transparente et extrêmement sécurisée sans qu’aucun organe tiers de contrôle ne puisse intervenir. Ce sont les utilisateurs de chaque block en chaine qui régulent le système de données échangées et s’assurent continuellement de sa fiabilité. Si la blockchain semble aujourd’hui une notion complexe à appréhender par le commun des individus (c’était aussi le cas d’internet dans les années 90 avant sa démocratisation), ses applications pourraient toucher, tous les secteurs de la vie humaine : L’agroalimentaire, l’aviation, la gestion territoriale, les assurances, la musique, le cinéma etc., etc., etc. De ce fait, on pourra donc parler de la blockchain aviation comme on parle aujourd’hui de la blockchain Bitcoin par exemple. Cette technologie augure donc de nouveaux business-modèles qui vont naitre et fortement façonner nos habitudes de vie en société pour le meilleur et pour le pire. 

Il est donc évident que si les pays africains ne veulent pas rater le train des changements qu’apporte ce nouveau paradigme, il faut que tous les acteurs, Etats, Entrepreneurs, Investisseurs, se mobilisent. Le rôle premier des Etats et gouvernements sera de comprendre le futur vers lequel le monde va afin d’anticiper ce que cela pourra avoir comme conséquences dans les habitudes des africains (dont 60% de la population à moins de 25 ans) d’ici à 2050, mais surtout se mettre dans des dynamiques pour capitaliser sur le potentiel de la technologie pour réduire le gap en matière de développement social, économique et humain. Comprendre rapidement ces mutations devra aussi permettre d’accélérer la stabilisation des infrastructures nécessaires à tout développement orienté par les technologies. En effet comment arriver à cela quand dans certains pays, avoir accès à un internet stable, à l’électricité en continue relève parfois du miracle. Enfin une vision technology friendly devra définir des politiques (pas seulement de régulation) d’attraction et d’incitation à la création et l’innovation en mettant en place des environnements économiques et législatifs favorables et vertueux pour les startups du continent (éducation et formation, financement, intégration de la technologie dans le quotidien). 

Tout comme l’état, les startups africaines de la prochaine décennie auront un rôle important à jouer pour s’adapter et contextualiser la technologie disponible aux réalités et attentes de la forte population jeune africaine. Il faudra de mon avis arrêter de singer les technologies mainstream pour se concentrer sur les opportunités du marché africain. Connaitre ces marchés et la possibilité de créer des ponts entre eux demandera d’investir dans la recherche de données sur les habitudes, les attentes, les perceptions d’une population majoritairement jeune et en quête de contenus et de solutions qui leur parlent. La dynamique d’innovation ne peut plus exclusivement être portée par des jeunes startups volontaires mais en manque de ressources pour se développer. Les multinationales en Afrique (qu’elles soient ou non locales) ont la responsabilité de participer au développement des écosystèmes et d’une vision africaine de la technologie. Cela passe par travailler avec les innovateurs locaux dans l’implémentation interne de leur solution business (pour le patronat local). Arrêter l’importation de solution digitale à l’étranger et s’inscrire plutôt dans une logique de Co création avec les startups locales pour sortir des produits qui impactent directement le quotidien des gens et des entreprises. 

Le chemin est bien évidemment encore long et les difficultés sont grandes. Mais les 30 prochaines années pour l’Afrique représentent une formidable opportunité de changer son fusil d’épaule pour ce qui concerne les technologies. Un nouveau monde se dessine sous nos yeux, il sera porté par des tendances qui risquent de fortement augmenter le fossé des inégalités entre l’Afrique et le reste du monde. Et même si la blockchain porte dans son ADN des valeurs d’égalité et de démocratisation, il n’en demeure pas moins que si l’Afrique ne se forge pas une place de choix dans ce nouveau monde à venir, elle subira comme actuellement le diktat de ceux qui contrôlent le désormais nouvel espace d’influence. L’espace technologique.

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